
Depuis un mois, une conversation prend de l’ampleur sur Instagram et les réseaux sociaux à propos du racisme dans la communauté tricot (discussion essentiellement en anglais). J’ai suivi avec énormément d’attention celle-ci, depuis le début, sans réussir à m’exprimer. Pour les sujets qui me tiennent à cœur, je suis souvent à court de mots ; j’ai toujours besoin d’énormément de temps pour réussir à formuler ce que je veux dire, d’une manière qui soit la plus claire possible, et la plus proche de ma pensée. C’est pour cela qu’il m’a fallu autant de temps pour réussir à articuler cet article, en espérant qu’il soit effectivement aussi clair que je l’imagine.
Avant que cette discussion apparaisse dans mon fil Instagram, il faut croire que je devais vivre au pays des Bisounours. Quand elle a commencé, je suis tombée de haut. J’ai lu tant de témoignages de personnes de couleurs ayant vécu des expériences difficiles (et les vivant encore) tous les jours, y compris dans notre communauté tricot qui est censée est pleine d’amour et de joie (c’est comme cela que je l’imaginais). J’ai lu et écouté tous ces témoignages de commentaires et remarques haineuses, ignorantes, d’invisibilité et de non représentation, de peur d’aller à des événements, festivals, soirées tricot à cause de ces commentaires et comportements… J’ai été atterrée et j’ai pris conscience de mes privilèges en tant que personne blanche dans la communauté tricot (et dans la société en général aussi) de ne pas avoir à subir ça.
L’idée générale associée au racisme est souvent celle des croix gammées, du KKK, du FN et d’abrutis au crâne rasé agressant physiquement et insultant à tour de bras. Dans la réalité, le racisme n’est pas que cela, il est beaucoup plus insidieux. Il est partout, dans des remarques, des questions déplacées, des généralisations qui peuvent apparaître anodines mais qui remettent en question l’existence, l’individualité et l’intégrité des personnes concernées. C’est aussi le choix de se taire, de profiter de notre privilège d’être blanc et de ne pas souffrir du racisme directement pour faire semblant de ne pas voir le problème et de ne rien faire pour changer ce système (intrinsèquement raciste même s’il s’en défend). C’est nier ou minimiser toutes les expériences racistes vécues et ressenties par les personnes de couleurs. Je suis horrifiée à l’idée que j’ai peut-être (certainement ?), à un moment ou à un autre, involontairement, déjà eu un comportement, une question, une remarque à caractère raciste ou que j’ai pu rester silencieuse et inactive face à une situation raciste. Cela n’a jamais été mon intention.
Je me suis rendue compte de mon ignorance. J’ai besoin de m’éduquer pour comprendre tous ces privilèges blancs dont je bénéficie sans m’en rendre compte, pour les identifier et pour pouvoir combattre le racisme inhérent à ces privilèges… Pour le moment, j’ai seulement gratté légèrement la surface, à partir de quelques comptes Instagram, mais cela a déjà remis en question et modifié ma manière d’aborder les choses, et pas seulement au niveau du racisme, mais aussi du féminisme, de l’écologie… J’ai une liste de ressources (livres, articles…) que je prévois de lire dans les prochains mois (j’ai besoin de temps pour digérer ce que j’apprends) pour continuer cette réflexion et cet apprentissage.
Il ne s’agit toutefois pas seulement de s’éduquer, mais aussi d’agir, concrètement, pour améliorer la situation.
Il convient de s’exprimer (même si, comme je l’expliquais, j’ai toujours du mal à trouver mes mots dans les discussions importantes et que je perds facilement mes moyens) et d’intervenir face au racisme, petit et grand et de ne pas laisser faire, dans la communauté tricot, mais aussi dans la vie de tous les jours.
On peut aussi demander d’avoir plus de représentation dans les publications et soutenir celles qui cherchent vraiment à être inclusives.
On peut aussi élargir notre horizon en allant découvrir de nouveaux comptes, de nouvelles personnes sur les réseaux sociaux pour avoir un flux plus diversifié.
On peut soutenir financièrement les personnes qui ont lancé cette discussion sur le racisme et qui mènent le combat (et en subissent aussi le plus les effets), celles qui font le travail, qui nous proposent des ressources pour nous éduquer. On peut acheter de la laine, un patron de tricot, un pins, un sac à projet…, créés, imaginés, fabriqués par des personnes de couleur.
Pour Instants de Louise, je n’ai pour le moment pas de budget pour payer des mannequins pour présenter mes modèles, mais si je le peux, j’essaierai toujours de photographier mes modèles sur des personnes variées (de couleurs, de tailles différentes…). De même que pour mes tests, tout le monde est le bienvenu !
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, pour toute la communauté tricot et pour moi-même, mais je veux dire à toutes les personnes de couleurs qui me suivent ici ou ailleurs, je vous vois, je vous écoute, vous faites partie intégrante de cette communauté !
PS : Comme toujours, les commentaires sont modérés, ceux à caractère raciste et haineux seront supprimés.
Bonjour, je suis atterrée par la lecture de votre article 🙁
Je fais partie de la communauté des tricoteuses, j’ai dans ma clientèle des clientes des clients de toutes les couleurs,et je ne le vois pas, ma famille est composée de black, blanc, beur, ..et je ne le vois pas… derrière ces mots, je ne vois que de l’humain…
Le tricot c’est la joie et la bonne humeur avant tout, c’est une passion qui réunit des milliers de personnes, dans le monde. Une passion qui s’harmonise autour du partage et de la transmission, enfin, c’est ce que je croyais..jamais je n’aurai imaginé ce que je viens de lire et j’en suis triste..navrée .. (je vis aussi, sûrement, au pays des Bisaunours) Pour ce qui est des mannequins, nous avons, justement, cherché avec les 2 photographes avec qui j’ai travaillé, des bébés de tout horizon, parce que je le souhaitais vraiment, hélas nous n’avons pas réussi à faire coïncider les créations avec l’âge des enfants que nous cherchions. Pour les adultes, ma belle fille, belle Pocahontas a sa place toute trouvée sur mes photos, et pour les enfants, ma petite nièce joliment chocolatée à posé pour moi bébé, elle reposera encore pour moi, maintenant aussi et sans souci. pour ceux à qui cela déplairaient, ils n’auront qu’à passer leur chemin, le client est roi, mais jusqu’à une certaine limite…celle là en est une pour moi, communauté du tricot ou pas . Pascale.
Bonjour Pascale.
C’est notre privilège de ne pas avoir subi ni vu toutes ces vexations, ces comportements racistes… En fait, en y réfléchissant, le racisme est partout dans notre société, pourquoi n’y en aurait-il pas dans le tricot ?
Cette discussion a le mérite de nous faire prendre conscience que tout n’est pas comme nous l’imaginons derrière nos privilèges. A partir de là, on peut agir et essayer de bousculer les choses !
Merci pour ce bel article, je trouve que tu as très bien décrit les différentes phases par lesquelles je suis passée (ainsi que de nombreuses autres personnes je l’espère). Tu as tout dit, et tu l’as très bien dit, alors juste, encore une fois, merci.
je l’espère oui….
Merci Louise de parler de ce sujet que beaucoup préfèrent ignorer
Cela me semble tellement important d’en parler. Je ne pouvais pas faire l’autruche…
Je suis scandalisée par tout ce qui se passe. J’étais à mille lieues de m’imaginer que « même dans la communauté du tricot », il pouvait y avoir du mépris et de la haine à ce point !
Ca me dépasse complètement !
En plus des lectures, il existe également des podcasts sur les sujets du racisme, du féminisme ou autre qui sont souvent très intéressants et qui, en tant que blanche, me remettent à ma place car je ne me rends pas compte de ce que certaines personnes vivent !
Je suis intéressée par ces podcasts, si ça ne t’embête pas de les partager !
Merci pour ton message, je rejoint Meliluc.
Merci beaucoup.